Les trucs qu'on m'a toujours dit sur l'hiver... et qui sont faux

"Mets un bonnet, tu perds toute ta chaleur par la tête !"

"Bois un petit verre, ça va te réchauffer."

"Surtout pas de coton en hiver, c'est mortel."

Pendant des années, j'ai entendu ces phrases. Je les ai crues. Je les ai même répétées. Et puis un jour, par curiosité, j'ai commencé à creuser. À vérifier. À lire des études.

Et j'ai découvert que beaucoup de ces "vérités" que tout le monde connaît... sont en fait fausses. Ou en tout cas, très exagérées.

Aujourd'hui, je vous raconte ce que j'ai découvert. Parce que ça m'a aidée à mieux comprendre comment vraiment m'habiller en hiver.

Le fameux "40% de chaleur perdue par la tête"

C'est probablement le mythe le plus répandu. Ma mère me le disait. Mes profs de sport aussi. Même dans des magazines, je l'ai lu.

"Si tu ne mets pas de bonnet, tu perds 40% de ta chaleur corporelle par la tête."

Ça fait peur, non ? Du coup, bonnet obligatoire dès que la température descend sous 10°C.

Ce que j'ai découvert

Ce chiffre vient d'une étude militaire américaine des années 50. Le problème ? Les soldats testés avaient tout le corps isolé sauf la tête. Évidemment que la chaleur s'échappait par la tête, c'était la seule partie exposée !

En réalité, la tête représente environ 10% de la surface du corps. Et elle perd... environ 10% de la chaleur. Pas 40%.

Vos mains nues perdent autant de chaleur que votre tête nue, à surface égale.

Alors le bonnet, ça sert à quoi ?

Oh, ne vous méprenez pas. Le bonnet, c'est super utile. Mais pas parce qu'il "empêche 40% de perte de chaleur".

C'est utile parce que :

  • La tête a très peu de graisse isolante
  • On a beaucoup de vaisseaux sanguins près de la surface (pour le cerveau)
  • La sensation de froid à la tête est vraiment désagréable

Mais ce n'est pas magiquement plus important que de protéger vos mains ou votre cou. C'est juste une partie du corps comme une autre.

Depuis que j'ai compris ça, je ne culpabilise plus si je sors sans bonnet quand il fait 8°C. Si j'ai froid à la tête, je le mets. Sinon, non. Et je ne vais pas perdre "toute ma chaleur" pour autant.

"L'alcool, ça réchauffe"

Celui-là, je l'ai cru pendant des années. Après une soirée d'hiver, un petit verre de vin chaud, de rhum... Ça réchauffe, non ?

C'est d'ailleurs pour ça que les images de chiens Saint-Bernard avec leur petit tonneau de brandy sont si populaires.

La vérité qui fait mal

L'alcool ne réchauffe pas. Pire : il vous refroidit.

Ce qui se passe, c'est que l'alcool dilate vos vaisseaux sanguins. Votre sang chaud remonte vers la peau. Vous ressentez de la chaleur. Mais en fait, vous êtes en train de perdre cette chaleur vers l'extérieur.

J'ai lu une étude où des gens étaient exposés au froid après avoir bu de l'alcool. Leur température corporelle baissait quatre fois plus vite que ceux qui n'avaient pas bu.

Quatre fois plus vite.

Et en plus, l'alcool vous empêche de frissonner (votre mécanisme naturel pour générer de la chaleur). Et il réduit votre jugement, donc vous ne réalisez pas que vous avez vraiment froid.

Et les chiens du Saint-Bernard ?

Pure invention artistique. Ces chiens n'ont jamais porté de tonneau de brandy. C'est un mythe créé par des peintres du 19ème siècle.

Les vrais secouristes utilisaient des couvertures et de la soupe chaude. Pas d'alcool.

Maintenant, quand j'ai froid, je bois du thé chaud sucré. Pas de vin chaud. C'est moins glamour, mais infiniment plus efficace.

"Le coton, ça tue en hiver"

Si vous traînez dans les forums de randonnée ou de montagne, vous avez forcément entendu ça : "Cotton kills". Le coton tue.

L'idée, c'est que le coton absorbe l'eau, ne sèche jamais, et provoque l'hypothermie.

Ce que j'ai appris

Oui, c'est vrai que le coton a des défauts. Il absorbe vraiment beaucoup d'eau (27 fois son poids !). Et il met des heures à sécher.

Quand il est mouillé, il conduit la chaleur 25 fois plus vite que quand il est sec. Donc oui, un t-shirt en coton trempé de sueur par -5°C, ce n'est vraiment pas idéal.

Mais...

Pour tuer, le coton, il faut réunir plusieurs conditions :

  • Transpirer abondamment (sport intense)
  • Rester dehors longtemps dans le froid
  • Ne pas pouvoir se changer ou se sécher

Pour mon trajet métro-bureau ? Même avec un t-shirt en coton ? Je ne vais pas mourir.

Ce n'est pas optimal, c'est sûr. Un t-shirt en mérinos ou en synthétique technique est bien meilleur. Mais je ne suis pas en danger de mort.

Le "cotton kills", c'est vrai en montagne, en randonnée, en survie. Pas dans mon quotidien urbain.

Ça m'a rassurée de comprendre ça. Parce que j'avais jeté tous mes t-shirts en coton, paniquée. Alors que finalement, pour certains usages, ils restent ok.

"Les couleurs sombres tiennent plus chaud"

Ma grand-mère me disait toujours de porter du noir en hiver. "Le noir absorbe la chaleur, tu auras moins froid."

La réalité

Oui, le noir absorbe mieux le rayonnement solaire que le blanc. Environ 90% contre 20%.

Mais... seulement si vous êtes au soleil. Et même là, la différence est assez faible (2-3°C de température de surface du vêtement).

Dans un métro, dans un bureau, dans la rue à l'ombre ? Zéro différence. Votre veste noire n'est pas plus chaude que votre veste beige.

C'est la matière et l'épaisseur qui comptent. Pas la couleur.

Maintenant, je porte les couleurs que j'aime. Si je suis au soleil en hiver, oui, je privilégie du foncé. Mais je ne m'impose plus du noir systématiquement.

"Il faut serrer ses chaussures pour avoir chaud aux pieds"

Pendant longtemps, quand j'avais froid aux pieds, je serrais mes lacets. Plus c'est serré, plus c'est isolé, non ?

Erreur totale

Plus vos chaussures sont serrées, moins vous avez chaud aux pieds.

Pourquoi ? Parce que vous compressez votre pied. Vous réduisez la circulation sanguine. Moins de sang = moins de chaleur apportée aux pieds.

Et en plus, vous écrasez vos chaussettes, vous éliminez l'air emprisonné dedans. Moins d'air = moins d'isolation.

J'ai testé. Chaussures un peu lâches avec chaussettes épaisses ? Pieds bien au chaud. Chaussures serrées ? Pieds glacés en 10 minutes.

Maintenant, je choisis mes chaussures d'hiver une demi-pointure au-dessus de ma taille normale. Pour avoir de la place pour des chaussettes épaisses, sans compression.

Ça change tout.

"Plus on a de couches, plus on a chaud"

J'ai aussi cru ça. Par grand froid, je mettais 5-6 couches. Autant de protection que possible.

Le problème

Au-delà de 3-4 couches, ça devient contre-productif.

Parce que les couches du dessous se compriment. L'air emprisonné (qui isole) est chassé. Du coup, vous avez plus de poids, plus de bulk, mais pas vraiment plus chaud.

Et en plus, vous transpirez plus (trop de couches = surchauffe). Cette transpiration ne peut plus s'évacuer correctement à travers toutes ces couches. Vous finissez moite, et ça vous refroidit.

J'ai lu une étude qui testait 2 à 7 couches. Le résultat optimal ? 3 couches de qualité.

Au-delà, on gagnait très peu en chaleur, mais on perdait beaucoup en confort et en mobilité.

Maintenant, même par -10°C, je mets : base thermique + polaire + doudoune + parka. Quatre couches max. Et je suis parfaitement bien.

Avant, j'en mettais six et je galérais quand même.

Ce que ça m'a appris

Découvrir que tous ces "trucs que tout le monde sait" étaient faux (ou très exagérés) m'a vraiment aidée.

Parce que j'ai arrêté de suivre aveuglément des règles qui ne servaient à rien. J'ai commencé à comprendre ce qui compte vraiment.

Ce qui compte :

  • De bonnes matières (mérinos, synthétique technique, pas du coton cheap)
  • Un système cohérent (3-4 bonnes couches, pas 6 couches random)
  • Protéger les zones sensibles (mains, cou, oreilles)
  • S'adapter à son ressenti personnel (pas à des règles générales)

Ce qui ne compte pas :

  • La couleur de mes vêtements (sauf plein soleil)
  • Avoir systématiquement un bonnet sous peine de "perdre 40% de chaleur"
  • Boire de l'alcool pour me réchauffer
  • Empiler un maximum de couches

Mon approche maintenant

Je n'écoute plus les "on dit que". Je teste. Je vérifie mon ressenti. Je m'intéresse à ce qui fonctionne vraiment.

Par exemple, tout le monde me disait que les vêtements techniques, c'était du marketing. Que ça ne servait à rien.

J'ai testé. Un vrai imperméable Gore-Tex vs un K-Way premier prix ? La différence est énorme. Le Gore-Tex respire, je ne transpire pas dedans. Le K-Way me transforme en sauna ambulant.

Ce n'est pas du marketing. C'est de la vraie technologie, avec des vrais bénéfices mesurables.

Ou encore, on me disait "achète épais pour avoir chaud". J'ai compris que c'est faux. Ma doudoune légère en duvet tient bien plus chaud que mon ancien manteau trois fois plus épais.

Parce que ce qui compte, ce n'est pas l'épaisseur. C'est la capacité à emprisonner l'air. Et le duvet fait ça mieux que n'importe quoi d'autre.

Pourquoi c'est important

Vous allez peut-être vous dire "bon ok, mais au final, ça change quoi ?"

Ça change pas mal de choses, en fait.

Déjà, ça m'a aidée à arrêter de culpabiliser. Avant, si je sortais sans bonnet, je me disais "je suis irresponsable, je perds toute ma chaleur". Maintenant, je sais que non. Si je n'ai pas froid à la tête, c'est ok.

Ça m'a aidée à mieux investir mon argent. Au lieu d'acheter six couches moyennes parce que "plus de couches = plus chaud", j'ai acheté trois bonnes pièces. Résultat : je suis mieux, et j'ai dépensé moins.

Ça m'a aidée à faire confiance à mon ressenti. Avant, je me forçais à suivre des règles qui ne correspondaient pas à mon corps. "On dit qu'il faut ça." Maintenant, j'écoute ce qui marche pour moi.

Et globalement, ça m'a libérée de tout un tas de "il faut" qui ne servaient à rien.

Si vous ne retenez qu'une chose

Les conseils d'hiver qu'on entend partout viennent souvent de traditions, de on-dit, de croyances. Pas forcément de la réalité.

Avant de suivre un conseil, demandez-vous : est-ce que ça a du sens ? Est-ce que ça marche vraiment pour moi ?

Parce qu'au final, le meilleur juge de ce dont vous avez besoin en hiver, c'est vous. Votre corps, votre ressenti, votre expérience.

Pas les vieilles croyances de grand-mère, aussi sympathiques soient-elles.


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